Les techniques regroupent des parades, des esquives, des balayages, des projections et des clés. Des nuances de contenus techniques sont relativement marquées en fonction du style (Shotokan-ryu, Wado-ryu, Shito-ryu, Goju-ryu).
Pour acquérir la maîtrise de ces techniques en combat, l’enseignement comporte trois domaines d’étude complémentaires : le kihon, les kata et le kumité.
Le kihon (qui signifie « technique de base ») consiste à répéter individuellement et la plupart du temps en groupe des techniques, positions et déplacements. Pratiqué avec un partenaire de façon codifiée, on parle alors de kihon-kumite.
Le kata (qui signifie « forme ») est un enchaînement codifié et structuré de techniques, représentant un combat réel contre plusieurs assaillants virtuels quasi simultanés, ayant pour but la formation du corps, l’acquisition d’automatismes ainsi que la transmission de techniques secrètes. Le kata dépasse l’aspect purement technique en permettant au pratiquant, par de très nombreuses répétitions, de tendre vers la perfection du geste et surtout de former le caractère. Les kata renferment de nombreuses techniques évoluées. Les bunkai (enchaînements de techniques de kumité avec partenaire) extraits des kata, permettent aux pratiquants de faire évoluer leurs techniques et de développer leur créativité au travers d’une recherche personnelle.
Le dernier domaine est le kumite ou combat (en fait, le but réel du karaté). Littéralement cela signifie « grouper les mains », c’est-à-dire travailler en groupe et non plus tout seul. Cette notion de kumite peut prendre de multiples formes en karaté. De la plus codifiée à la forme la plus libre. Le combat peut être prédéfini (kihon-kumite), fixé à un nombre d’attaque précis (ippon kumite pour une attaque, sanbon kumite pour trois attaques…), dit souple (jū kumite), sans contact (kunde kumite) ou libre (jiyū kumite).
Le fruit d’une très longue histoire
Le Berceau du karaté
Le karaté, tel que nous le connaissons de nos jours, est originaire de l’ile d’Okinawa (une corde sur l’océan) situé dans l’archipel des Ryu-Kyu au sud du Japon.
Historiquement, l’île vécut tiraillée entre ses deux voisins infiniment plus puissants, la Chine et le Japon. Ouverte par la force des choses à toutes ces influences, l’île devint un creuset original, où s’élabora avec le temps une synthèse particulièrement féconde dans le domaine des arts martiaux.
De multiples influences ….
Au VIème siècle, Bodhidharma, moine fondateur du bouddhisme zen venu de l’Inde, s’était établi en Chine dans le temple de Shaolin pour y donner des cours de bouddhisme. S’apercevant que ses élèves se fatiguaient rapidement, il créa un moyen de relaxation et un ensemble d’exercices physiques le Kempo, ou boxe chinoise, qui rendirent célèbres ses moines dans toute la Chine pour leur courage et leur volonté.
Après la destruction du temple Shaolin, les moines survivants se sont dispersés dans toute la Chine, diffusant leur art martial. La proximité géographique d’Okinawa et de la Chine permis l’importation de ce Kempo Chinois dans l’île.
Au XVème siècle, Okinawa passe sous domination Chinoise. L’usage des armes étant interdit, (il n’y avait qu’un seul couteau, attaché à une souche, pour tout un village), les habitant développèrent et perfectionnèrent leurs arts du combat à mains nues, connu alors sous le nom d’Okinawa-Té. Cet art martial local descendant du Kempo Shaolin, utilisait toutes les ressources naturelles du corps humain pour se défendre.
Lorsque l’île repassa sous le contrôle du Japon en l’an 1609, l’Okinawa-Te, se développa rapidement afin de combattre l’envahisseur avec des techniques rigoureuses et très efficaces. Les habitants s’entraînaient la nuit en secret, formant leur corps et leur esprit au combat. L’enseignement de maître à disciple se faisait oralement, et de façon masquée par l’intermédiaire des katas mélangeant les techniques d’Okinawa-te et les danses traditionnelles.
Une structuration tardive (ou de multiples écoles) ….
Ce n’est qu’à partir du XIXème siècle que l’Okinawa-Te se structure enfin. Sokon Matsumura fut le premier Maître officiel à formaliser les techniques de karaté Okinawaien : le Shuri-Te.
La fin de l’ère féodale du Japon en 1868, permis à l’Okinawa-Te de sortir de la clandestinité et de sa finalité guerrière. L’aspect éducatif du karaté, fut développé notamment par Anko Itosu qui introduisit l’enseignement du karaté à l’école en 1902.
A cette époque, les trois styles de karaté majeurs étaient le Shuri-Te, le Naha-Te et le Tomari-Te.
Le maitre fondateur du karaté moderne …
Il faudra attendre l’an 1916 pour que plusieurs Maîtres de l’Okinawa-Te acceptent de démontrer publiquement leur art qui jusque-là était resté secret. L’histoire retiendra le nom de Gichin Funakoshi, originaire de Shuri, qui partit le premier au Japon afin de démontrer son art lors d’une manifestation importante organisée par Jigoro Kano, fondateur du Judo, en 1922. Le public japonais fut émerveillé par ce nouvel art du combat qu’il ne connaissait pas. En 1938, Gichin Funakoshi fonde son propre Dojo à Tokyo, qu’il appellera le Shotokan. C’est à cette époque également que le nom de Okinawa-Te fut changé en celui de Karaté-Do (voie de la main vide) afin de rompre avec les origines chinoises et de séduire les japonais. Le code du guerrier japonais fut intégré dans le Karaté de Funakoshi par le fils de ce dernier Yoshitaka Funakoshi.
Le karaté s’est répandu en Europe occidentale après la seconde guerre mondiale et les américains s’en inspirèrent pour la création du full contact. Les premiers championnats du monde de karaté se déroulèrent à Tokyo en 1970, et c’est à cette occasion que fut créée la fédération internationale de karaté (WKF, World Karaté Fédération).
Actuellement, il existe de nombreux styles de Karaté, mais les cinq principaux sont :
- Shotokan (la maison de Shoto, Shoto étant la signature de Gichin Funakoshi)
- Wado-Ryu (la voie de la paix)
- Shito-Ryu (l’école du fil de l’ouest)
- Goju-Ryu (l’école du dur et du souple)
- Kyokushinkai
Le Karaté est aujourd’hui un art martial très populaire dans le monde. Contrairement au Judo et à l’Aïkido, le Karaté ne fut jamais l’œuvre d’un seul homme, mais celle de plusieurs générations de maîtres et de disciples, à travers une multitude d’écoles et de styles originaux qui conservent aujourd’hui encore, toutes leurs caractéristiques spécifiques. Il y a actuellement plus de 250 000 licenciés en France. Les karatékas seraient environ quinze millions dans le monde entier.